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Photo du rédacteurStéphanie Jollien

VERS LA BEAUTÉ : FEMME AU DELÀ DE LA MALADIE


Témoignage de Stéphanie Vachoux




"Les traitements m'aplatissent comme des rouleaux compresseurs. Le corps, intoxiqué, lutte plusieurs jours de suite pour se relever. A chaque fois, il renaît. Ce corps n’effectue plus que le minimum vital : le laver pour éviter de puer la maladie, se forcer à aller aux toilettes, boire deux litres par jour pour ne pas flinguer les reins, éviter de tout revomir droit derrière, manger au minimum, ne pas vomir à nouveau, et éviter de se casser la figure sur un vertige se manifestant au plus mauvais moment. Au milieu d’un escalier ou avec une tasse à la main.


Je me demande ce qu’il reste dans ces moments-là. Peut-être une petite musique dans ma tête, ou une pensée agréable qui tout à coup traverse mon esprit embrumé. Le bruit de la pluie. Les paroles de mes parents palabrant de longues minutes sur tout et rien, en bas, au salon…


Les soins à ce corps n’en finissent pas : la bouche, les oreilles, le nez, les yeux, la peau… Soins des plaies qui s’ouvrent, la peau n’en peut plus de reprendre le processus de cicatrisation à zéro en continu. 


Le corps intoxiqué se rajoute au corps habituel, qui continue à avoir ses règles, ses désirs, ses besoins.  Mon esprit ne sait plus où donner de la tête. Il y a des moments où je n’en peux plus, mais je n’ai jamais regretté ces choix. Je sais pourquoi je fais tout ça : je veux pouvoir vivre une vie où je pourrai choisir de faire des enfants, de changer de travail ou de me lancer dans un nouveau plat ou un bricolage. Je veux une vie où je peux passer du temps avec mes amis et ma famille sans avoir toujours mal ou être fatiguée. Une vie où certes l’absurdité aura toute sa place ; je ne pourrai jamais oublier le non-sens de la maladie ni la profonde réalité qui est que nous n’avons que peu d’emprise sur le fonctionnement de notre monde. Pourtant, nous avons aussi un impact, un choix possible, dans ce non-sens. Nous avons le choix de la couleur. Je ne peins pas la toile de ma vie seule, certains coups de pinceaux seront faits par d’autres, mais j’ai le choix de la couleur. J’ai le choix de faire avec ou de recouvrir. 


A travers son travail d’Artiste, Stéphanie va utiliser ma peau comme support, un support couvert de cicatrices, qui recouvre un corps qui m’a échappé durant trop longtemps, et que le cancer a fait renaître. Ses coups de pinceaux seront comme autant de choix que j’ai fait de diriger ma vie vers la beauté, l’optimisme et la gratitude.


« Tout dans ce moment a été magique : une approche douce, bienveillante, lumineuse et sereine. Enfin, le maquillage en soi, la sensation des pinceaux sur ma peau, mes cicatrices qui ont été soumises à la radiothérapie. Comme un tableau vivant que je n'ai vu qu'à la fin. Stéphanie a sur faire ressortir une beauté que la maladie avait amochée ainsi qu'une personne que je n'avais plus vu depuis longtemps. Merci du fond du cœur ! La beauté de cet œil qui a subi tant de coup de scalpel… elle est toujours là ! Et par répercussion, je pense que cela me fait me sentir plus confiante face au regard que mes patients et leurs parents peuvent poser sur moi."



 

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